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19 octobre 2017

Les œuvres d’art contemporain dans l’exposition « Medusa »

Une vingtaine d’œuvres d’art contemporain rythme l’exposition « Medusa », contribuant à rompre les clichés liés au bijou : le « trop précieux », le « trop féminin » ou encore le « trop clinquant ».

« Les installations, photographies et tableaux que j’ai sélectionnés ne sont pas de simples illustrations », explique Anne Dressen, commissaire de l’exposition. « Ils ancrent notre relation au bijou dans un rapport élargi au corps et au monde. » Tout au long de l’exposition, en créant la surprise notamment grâce aux matériaux et aux jeux d’échelle, ils attirent l’attention sur les points communs, les influences et les inspirations mutuelles.

 

Une histoire de regard

Cela commence dès l’escalier menant à l’exposition, éclairé par des lustres en verre coloré de Mai-Thu Perret inspirés par les spirales d’encens mais qui évoquent aussi des boucles d’oreilles chandeliers. S’ensuit une paire d’yeux globuleux et inquiétants, créée par Jean-Marie Appriou, qui se réfère directement au thème de la méduse et de son regard pétrifiant. Plus loin, avec le miroir peint sur l’envers de Nick Mauss, le regard se porte sur le visiteur qui prend conscience de sa présence et de son corps. Scruter et être scrutée… La figure féminine de Liz Craft aux yeux démultipliés clôture, elle, l’exposition sur ce même thème.

 

La question du genre

Deux photographies interpellent. D’abord celle de Michel Journiac, qui fait partie d’une série où il se déguise en prostituée, strip-teaseuse, vierge, militante… C’est le vêtement ou l’accessoire qui permet immédiatement à l’œil de le catégoriser. Comme dans une autre série où il se travestit en l’un ou l’autre de ses parents : le genre de son père ou de sa mère est alors marqué par un foulard ou un collier de perles. L’autoportrait à l’esthétique afro-futuriste de Juliana Huxtable brouille, lui aussi, les repères. L’artiste qui a toujours refusé de se définir en tant qu’homme ou femme dévoile son corps progressivement modifié grâce à des hormones. Sa nudité n’est contrebalancée que par le maquillage et son imposant plastron doré.

 

Chercher le corps…

Le corps absent dans les œuvres est cependant sans cesse convoqué. Comme dans le tableau de Mike Kelley inspiré par une forme d’art populaire traditionnel canadien consistant à recouvrir un objet d’autres petits objets sentimentaux. Ce tableau est composé de pendentifs, de clés, de pins et de colliers, ressuscitant ceux qui les ont portés, petite fille, scout, militant, etc., tout en formant une immense mosaïque abstraite et kitsch. On imagine un visage de chamane derrière les masques-bijoux en céramique, porcelaine, tissu et bois de Sylvie Auvray. Quant à l’immense cape d’Ingrid Luche, suspendue comme une chauve-souris, elle est ornée d’un réseau de décalcomanies évoquant des corps qui n’existent plus, ceux qui ont disparu dans le vol MH370 près de l’Australie. Autant de présences fantômes…

 

Lever le tabou du décoratif

Certaines sculptures imitent des bijoux qui ne sont pas faits pour habiller les humains, mais pour orner les murs et l’espace. Volontairement clinquants et ostentatoires : tels sont les colliers surdimensionnés de Liesbet Bussche formé par des lampes fluo destinées aux bureaux et de Thomas Hirschhorn figurant un pendentif CNN en papier métallisé. L’une des pièces les plus spectaculaires est le tableau monumental en feuilles d’or et paillettes, symbole de maquillage et de futilité, de John Armleder. Comme tous ses tableaux, il est assorti d’une pièce de mobilier interrogeant la notion de bon goût : en effet, l’artiste sait qu’il ne maîtrise pas l’endroit où le collectionneur le placera. De quoi enfin reconsidérer les tabous qui entourent le bijou.

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