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31 décembre 2020
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Jean Cocteau x Atelier Paulin
La collaboration d’Atelier Paulin avec le Comité Jean Cocteau se matérialise par une première collection de bijoux en série limitée évoquant l’œuvre de cet artiste pluridisciplinaire, l’un des plus influents du XXe siècle. Rencontre avec Dominique Marny, la présidente du Comité.
Propos recueillis par Sandrine Merle.
Sandrine Merle. Vous êtes la seule descendante directe de Jean Cocteau.
Dominique Marny. Je suis la petite-fille de son frère Paul et j’ai succédé à Pierre Bergé au Comité chargé de veiller à l’image, aux droits et à la promotion de l’œuvre de Cocteau. Aujourd’hui, on oublie très vite une œuvre, on a donc plus que jamais un devoir de mémoire : non seulement elle doit perdurer mais elle ne doit pas être ternie par de mauvaises interprétations. À chaque action, nous nous posons la question : « aurait-il aimé ? ».
S.M. Comment cette collaboration est-elle née ?
Dominique Marny. Grâce à ma fille qui a immédiatement vu la parfaite cohérence entre le fil, l’écriture, le dessin et l’œuvre de Cocteau. Au Comité, je me suis entourée de jeunes gens car il est important d’actualiser cette oeuvre en s’émancipant des anciens codes. La jeunesse et l’audace étaient très importantes pour lui. Il faut aussi un autre langage pour interpeller les 20-30 ans qui ignorent souvent tout de cet artiste surréaliste, écrivain, poète, philosophe, cinéaste, peintre. Au mieux, ils ont entendu parler de La Belle et la Bête (1946)…
S.M. Sur le sautoir, la phrase « j’ai ta voix autour de mon cou » extraite d’un des plus célèbres monologues du théâtre français semble avoir été écrite par Jean Cocteau lui-même !
Dominique Marny. Anne-Sophie Baillet a réussi une prouesse, reproduire son écriture qui a évolué tout au long de sa vie : en 1962, il n’écrivait pas comme en 1935. Sur un bracelet, cette écriture met en avant son précepte favori : « à l’impossible je suis tenu ».
S.M. Quelles sont les références évoquées dans cette première collection ?
Dominique Marny. Très riche, elle croise des œuvres, des thèmes chers et des motifs récurrents comme Le Testament d’Orphée (1060), l’invisibilité, la traversée du miroir, La Voix Humaine (1959), le double, l’ange Heurtebise, le serpent. On retrouve aussi l’étoile (version d’avant 1945) qui accompagne sa signature.
S.M. Cocteau est très lié au bijou : il a rendu célèbre la bague Trinity de Cartier en l’offrant à Radiguet et il a aussi inspiré une collection au créateur Jean Vendome.
Dominique Marny. Il portait un certain intérêt au bijou comme à tout objet. Il a commencé par travailler avec Madeleine Vionnet puis avec Elsa Schiaparelli et surtout avec François Hugo. Dans son entourage évoluait Jeanne Toussaint (dont le mari a fait la guerre avec Paul Cocteau), une très grande amie de ma grand-mère qui travaillait chez Cartier. Je me souviens très bien de cette femme extraordinaire, austère, en robe noir avec une sous-ventrière en diamants. Elle a énormément compté dans ma vie.
S.M. Avez-vous des pièces favorites ?
Dominique Marny. Chaque bijou me rappelle quelque chose… J’ai cependant un faible pour la dormeuse « Profil » et le bracelet « à l’impossible je suis tenu ». Et je suis impatiente de découvrir les nombreux modèles qui vont ponctuer ces 5 années de collaboration.
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