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22 juin 2019

La vente de la collection Al Thani chez Christie’s, la vente du siècle ?

Si vous pensiez que la collection de son Altesse Cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani, membre de la famille régnante du Qatar, ne comptait que les 400 somptueuses pièces (dont 250 bijoux) vendues chez Christie’s à New York le 19 juin dernier, détrompez vous ! Emblématiques de cinq siècles d’histoire de la joaillerie indienne et de l’influence réciproque avec celle d’Occident, les 250 bijoux font partie d’un ensemble de 6 000 peintures, manuscrits médiévaux, œufs de Fabergé et autres objets provenant de nombreuses civilisations de l’Antiquité à nos jours.

 

 

Vente de la collection Al Thani : une série de records

Premier record, la durée de la vente Al Thani : 12 heures pendant lesquelles 29 lots ont dépassé le million de dollars dont plusieurs de Cartier : le devant-de-corsage (plus de $10 millions), le collier en spinelles, diamants et perles naturelles ($3 millions), le diamant Mirror of Paradise ($6,5 millions) ou encore le collier du Nizam d’Hyberhabad en diamants Golconde ($2,5 millions). Le montant total de la vente Al Thani, $109 millions, constitue pour Christie’s le deuxième plus important pour une collection privée après celui d’Elizabeth Taylor ($115 millions en 2011 chez Christie’s).

 

La vente de la collection Al Thani, l’épilogue d’une aventure express

Cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani également président de QIPCO (Qatar Investment & Projects Development Holding Company) a constitué cette collection extraordinaire en un temps record, à peine 10 ans. Son conseiller Amin Jaffer l’a fait bénéficier de son expertise et de son réseau unique acquis lorsqu’il était conservateur au Victoria & Albert Museum et directeur international du département des Arts asiatiques chez Christie’s. Ce dernier a mis au point une stratégie particulièrement efficace en organisant près d’une dizaine d’expositions de la collection au Metropolitan Museum of Art à New York, au V&A Museum à Londres ou encore au Grand Palais, à Paris. De quoi faire monter la fièvre dans le monde entier.

 

Un moyen de financer la galerie de l’hôtel de la Marine

Entre discours officiels et rumeurs, impossible de savoir pourquoi ce richissime qatari vend 400 pièces de sa collection… Parce que, comme tout collectionneur, ses goûts évoluent ? Parce qu’il a besoin d’argent ? Les deux ? Les $100 millions vont contribuer à financer ses mécénats : Cheikh Hamad bin Abdullah Al Thani vient de donner une porte en ivoire au musée Guimet et va sponsoriser l’exposition consacrée au maharajah d’Indore au Musée des Arts Décoratifs, en septembre. Il va surtout financer son partenariat avec les Centre des monuments nationaux : on parle de €20 millions destinés à la rénovation d’une galerie de 400m2 dans le célèbre hôtel de la Marine autrefois garde-meuble de Louis XVI. En échange, il pourra, pendant 20 ans, y organiser des expositions mettant en valeur ses collections.

 

La collection Al Thani : business ou passion ?

Cette collection privée peut être comparée à celle d’Elizabeth Taylor mais il y a une énorme différence : celle de l’actrice américaine était le fruit d’une vie entière. Chaque bijou était le témoin de moments privilégiés notamment avec Richard Burton. Sa collection avait cette dimension affective et irréfléchie d’une valeur inestimable. Cette vente « Maharajas & Mughal Magnificence » montre que le terme de collection a évolué. Elle n’est plus l’œuvre subjective d’un individu mais un projet avec une stratégie d’investissement mise en place par des spécialistes avec une rapidité folle.

 

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