Business

07 janvier 2023

Yann Bouillonnec, l’or recyclé de Gold Service

Un pool d’investisseurs vient de racheter Gold Service, société franco-suisse spécialisée dans l’achat et la revente de métaux précieux. Son ambition : en faire un acteur clé de l’or recyclé comme me l’explique Yann Bouillonnec, son président.

 

 

Sandrine Merle. Pouvez-vous présenter la chaîne de magasins Gold Service et ses nouveaux investisseurs ?

Yann Bouillonnec. Gold Service a été fondé il y a 12 ans à la Chaux-de-Fond par Mr Bonnet (3e génération d’une famille de bijoutiers) quand son affaire s’est développée grâce l’achat d’or, principalement sous forme de bijoux, et la vente sous forme de pièce et de lingot. La société dont le chiffre d’affaires a atteint 50 M€ en 2022, compte aujourd’hui une soixantaine de personnes avec 26 magasins, 11 en Suisse et 15 en France. Quant à nous, les 10 investisseurs détenteurs de 100% des parts depuis décembre 2022, nous sommes issus de l’industrie du luxe, du retail / e-commerce et de la finance. En ce qui me concerne, j’ai travaillé 25 ans dans de grandes maisons (Cartier, Vacheron Constantin ou encore Tag Heuer).

 

S.- M. Votre souhaitez faire de Gold Service une marque et un acteur majeur du recyclage de l’or, ce que fait Gold Service depuis toujours sans l’avoir jamais valorisé ?

Yann Bouillonnec. En effet, le message est nouveau dans cette industrie. Nous pensons avoir un rôle clé en matière de recyclage car nous sommes présents en amont de la chaîne en achetant l’or directement à nos clients, principalement sous forme de bijoux, via notre réseau de boutiques. Et nous avons ce savoir-faire de conseil et de valorisation afin de remettre sur le marché un maximum d’or recyclé. Notre objectif est de doubler le réseau de distribution dans les 3 ans : surtout présents dans les régions Nord-Ouest, Est et Sud, nous prévoyons de nous installer dans les grandes villes de France y compris Paris. Aujourd’hui la demande en or recyclé est forte et croît très rapidement du fait des grandes marques qui en sont toujours plus friandes.

 

S.- M. Le digital a-t-il sa place dans ce type de business ?

Yann Bouillonnec. Le digital, notre priorité, est la porte d’entrée vers Gold Service, il est déjà utilisé par 99% des clients qui souhaitent acheter de l’or. En revanche aucun n’ose vendre ses bijoux en les envoyant à une société 100% online ! D’où l’importance du magasin physique qu’on va redesigner comme un show-room pour instaurer une relation de confiance. Cette industrie encore méconnue, très discrète et très éclatée, peut avoir une mauvaise image liée à des habitudes de travail manquant souvent cruellement de transparence. En ce qui nous concerne, nos estimations très claires sont basées sur la quantité d’or fin contenu dans le bijou. Ensuite, nous nous référons au prix de vente public mondial de l’or fixé à Londres auquel nous rajoutons nos coûts (boutique, employés, logistique, etc.).

 

S.- M. À terme, votre objectif est qu’une marque de joaillerie ou d’horlogerie puisse utiliser de l’or recyclé labellisé Gold Service ?

Yann Bouillonnec. Aujourd’hui c’est impossible car une fois arrivé dans la fonderie, notre or est mélangé à ceux provenant de mines industrielles ou artisanales : il n’est en effet plus possible de le distinguer. Mais grâce au développement de notre réseau de magasins, nous visons à récolter suffisamment d’or pour développer notre propre ligne de production en partenariat avec une fonderie. Elle aurait tout y à gagner puisque notre or est tracé : nous sommes en contact direct avec les derniers propriétaires des bijoux qui sont dans l’obligation de nous fournir une pièce d’identité et nous faisons aussi des photos de chaque pièce avec le prix auquel nous l’avons achetée. Quant au cash, il est limité en France à 1 000 euros. Tout est transparent !

 

S.- M. Dans cette activité de recyclage, que ferez-vous des bijoux brandés (c’est-à-dire portant une marque) et qui n’ont donc pas intérêt à être fondus ?

Yann Bouillonnec. Pour l’instant, le marché des bijoux non brandés reste majoritaire. Et tous ceux qui le sont n’ont pas forcément de la valeur. Ceci dit, rien ne nous empêche de devenir un acteur de ce marché et c’est même l’un de nos axes de développement. La réflexion est déjà en marche !

 

 

Articles relatifs à ce sujet :

Patrick Schein, pour un or de mine responsable

5 choses à savoir sur l’impact de l’extraction d’or

Bijoux griffés/non griffés, les enjeux

 

Articles les plus lus

L'engouement pour le trunk show

Le trunk show est au créateur ce que le concert est au musicien : une façon de rencontrer son public et de générer des ventes. Très pratiqué depuis...

Ventes aux enchères : la joaillerie contemporaine a-t-elle sa place ? 

Bien conscient des difficultés pour vendre cette joaillerie contemporaine, la maison Sotheby’s ouvre une nouvelle voie.

Des nouvelles de Selim Mouzannar, à Beyrouth

 » Je n’ai pas le droit de me laisser abattre. Croire et lutter pour la paix est notre seul espoir. « 

La revanche des perles de culture ?

Le marché de la perle de culture est complètement déréglé et personne ne sait pour combien de temps.

"L'expertise, un vrai métier", la conférence chez Sotheby's

Être expert ne s’apprend pas, seule l’expérience permet de le devenir.

Marie Lichtenberg, une stratégie inattendue face à la contrefaçon

Les premières copies du « Locket » en émail sont apparues à peine un mois et demi après le lancement qui, lui, a eu lieu la veille du lockdown....